I - La fracture territoriale est multiple
Fracture politique
La fracture politique vient de la sous représentation des élus qui défendent les intérêts des territoires périphériques.
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Les appareils parisiens des partis de gouvernement traditionnels se sont coupés de leur base territoriale
Les appareils parisiens gèrent la carrière politique des élites des grandes métropoles en les parachutant dans les circonscriptions de leur choix, afin de faciliter leur élection en évinçant un élu local. Plus que du mépris pour les élus et les électeurs des territoires, cette pratique des appareils politiques parisiens est une faute politique, car cela les a coupé de leurs bases territoriales.
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Les partis contestataires évincés par la constitution de la Veme République
Après le naufrage de la IV République, minée par le parlementarisme et l'instabilité gouvernementale, le Général De Gaulle a conçu une Vème République présidentielle, qui s'est révélée l'un des régimes les plus stables de l'Europe continentale depuis 1958.
Le mode d'élection de la Vème République fait que les partis contestataires restent minoritaires à l'Assemblée Nationale.
Durant les années 60 et 80, le parti protestataire était représenté par le PCF. Au-delà d'un discours radical sur la "lutte des classes", le PCF cogérait la politiques sociale avec les gouvernements en place. Durant la Révolte de 1968, le PCF a négocié avec le gouvernement des avantages sociaux pour sortir de la crise. Ce qui a été considéré comme une "trahison" par la bourgeoisie intellectuelle de gauche des grandes métropoles, qui a alors abandonné le "social" pour le "sociétal".
Depuis les années 90, dans une économie de plus en plus ouverte, les partis contestataires sont devenus totalement impuissants pour défendre les intérêts des classes sociales victimes de la mondialisation.
- Après la chute du mur de Berlin, le PCF a connu un long déclin, jusqu'à devenir une force politique marginale.
- Le vote protestataire s'est fracturé entre des militants intellectuels urbains, toujours ancrés à l'extrême gauche, et les classes populaires, qui ont basculé vers une revendication identitaire et nationaliste.
- Les partis gouvernementaux n'ont plus rien à négocier avec les partis protestataires : leurs positions sur l'Europe et la mondialisation sont radicalement opposées, ce qui entraîne une course au moins-disant social et une réduction du coût de l'Etat providence pour rester compétitif.
Dans les années 2010, la Constitution de la Vème République assure toujours une grande stabilité institutionnelle. Mais aujourd'hui, elle ne permet plus une réelle représentativité et un pouvoir de négociation au vote protestataire, en particulier celui provenant des territoires périphériques. Contrairement aux années 60 à 80, cette stabilité des institutions ne vient plus d'une négociation sociale entre les élites et représentants des classes populaires. Depuis les années 90, cette stabilité apparente des institutions masque une monopolisation du pouvoir par les élites des grandes métropoles, qui imposent aux classes populaires et aux territoires périphériques leur vision politique (Europe, mondialisation) et leurs valeurs culturelles (abandon du social pour le sociétal).
Sans pour autant retomber dans les dérives du parlementarisme de la IVe République, il y a aujourd'hui une réflexion sur l'opportunité de réintroduire une dose de suffrage proportionnel dans la Ve République.
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Une élite politico-administrative coupée du reste du pays de 1990 à 2017
Lors de la création de la Ve République, De Gaulle a marginalisé les notables d'avant guerre, responsables de la défaite de 40 et du naufrage de la IVème République, pour faire émerger une nouvelle élite de technocrates, qui par la suite a fusionné avec la classe politique et avec le monde de l'entreprise.
Cette noblesse d'Etat a été efficace pendant 30 ans, de la naissance de la Ve République en 1958, à l'effondrement du mur de Berlin en 1989.
Mais depuis le début des années 90, elle s'est révélée incapable d'adapter le pays à l'accélération des mutations de son environnement :
- accélération de la mondialisation
- accélération de la construction européenne de l'après-guerre froide (élargissement aux anciens pays de l'Est)
- accélération des mutations économiques et sociales générées par les nouvelles technologies de l'informatique, des communications et d'internet.
Source Presse ? "Elle est responsable de l'extinction de la croissance, du chômage de masse, de l'explosion de la dépense et de la dette publique de 1990 à 2017. Plus elle bloquait l'économie et la société, plus elle revendiquait le monopole de la direction du pays. Cette élite politico-administrative vivait dans la nostalgie de l'économie administrée et de la société fermée, elle ne comprenait ni l'économie, ni le monde moderne. Elle a trahit la nation, en méprisant la classe populaire qui sombrait dans le chômage de masse et les entrepreneurs contraints à l'exil. Schizophrène, elle s'est convertie à la mondialisation et à l'Europe du marché, sans en maîtriser la culture, tout en maintenant la France dans une économie étatisée obsolète. Ce double langage l'a fragilisé face aux nationalistes et à ses partenaires européens. Les élites politico-administratives ont présenté l'Europe comme une garantie de prospérité, tout en la rendant responsable de leurs propres défaillances. Les peuples de la zone Euro ont eu le sentiment d'avoir été dépossédé de leur souveraineté avec la complicité des élites, plus particulièrement depuis le référendum de 2005, où le rejet du projet constitutionnel européen aux Pays-Bas puis en France a été tout simplement ignoré par les gouvernements nationaux et Bruxelles." |
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Retour en 2017 d'une volonté présidentielle de type gaullienne, mais sans chercher l'appuie des élus locaux
Depuis son élection en Mai 2017, le nouveau Président Emmanuel Macron renoue avec une présidence verticale de type Gaullienne :
- Affirmation d'une volonté présidentielle forte, qui a un projet pour la France et met en oeuvre le programme pour lequel il a été élu.
- Appel aux meilleurs experts, issus de la société civile (Muriel Pénicaud), de l'Administration ( Jean-Michlel Blanquer) ou du monde politique (Jean-Yves Le Drian, Bruno Le Maire, Edouard Philippe, Jean Paul Delevoye)
- Reprise en main des Administration (départ des "pédagogues" de l'Education Nationale, qui en 40 ans ont détruit l'excellence scolaire française)
Mais contrairement à De Gaulle, qui avait un enracinement territoriale fort, avec les élus locaux gaullistes issus de la résistance, le Président Emmanuel Macron ne cherche pas l'appuie des élus locaux.
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Le redressement national ne pourra pas se faire sans les élus locaux
La seule force de la volonté présidentielle, venant d'en haut, ne sera pas suffisante pour vaincre les résistances de l'Administration et toutes les rentes qui bloquent la société française.
Historiquement, Napoléon, Clémenceau, Le Général de Gaulle, ont sut créer un nouvel élan national en libérant et mobilisant les forces vives du peuple profond.
Comme ses prédécesseur, le Président Emmanuel Macron arrive aux plus hautes fonctions de l'Etat alors que la nation française a déraillé. Mais il ferait une faute politique en dédaignant les élus locaux, car sans eux il ne pourra pas remettre la France sur les rails de la croissance et de la modernité.
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Au même titre que les entrepreneurs, les élus locaux sont des acteurs du changement
Il reste aux élus locaux à convaincre le nouveau Président qu'ils sont, au même titres que les entrepreneurs, des alliés potentiels pour remettre la France en marche :
- Chaque jour, les élus locaux sont confrontés aux problèmes quotidiens de leurs administrés.
- Chaque jour, les élus locaux se mettent en risque juridique dans les taches quotidiennes de leurs responsabilités.
- Chaque jour, les élus locaux doivent gérer leur budget à l'€uro près. Ils ont la vertu des pauvres, ceux qui ne gaspillent pas parce qu'ils n'en ont pas les moyens. Les gaspillages ne sont pas le fait des 30.000 plus petites communes de France, mais bien à Paris (54.000 employés municipaux pour 2 millions d'Habitants, alors que Tokyo n'en a que 13.000 pour 13 millions d'habitants - source Challenge - 8 Février 2018 - page 12).
Les élus locaux sont ceux qui sont le plus proche de la réalité du quotidien des Français. Ils connaissent les problèmes et tentent d'y répondre dans la mesure de leurs moyens. Contrairement aux autres corps intermédiaires, la grande majorité des élus locaux n'ont pas grand chose à perdre face au changement. Ils ne sont pas les responsables des rigidités de la société française, mais les victimes. Ils ne demandent qu'à être libérés des lourdeurs administratives, de la multiplication des risques juridiques, pour pouvoir libérer les énergies sur leur territoire, afin de créer des richesses et de l'emploi pour leurs administrés.