Olivier Adam
romancier
Olivier Adam © AFP
Fragmentation culturelle, sociale et territoriale
Expansion - Novembre 2012 Le romancier Olivier Adam estime que l'urbanisme pavillonnaire et les cités en périphéries des grandes villes ont déstructuré la sociabilité entre les habitants et augmenté les tensions entre la classe moyenne des résidences pavillonnaires et les Cités qui se sont ghettoïsées. "Aujourd'hui les classes sociales ne vivent plus ensemble, mais côte-à-côte, avec énormément de méfiance. Reléguées en périphérie par la ségrégation urbaine, les classes moyennes pavillonnaires et les populations ghettoïsées des Cités éprouvent du ressentiment pour les classes supérieures des centre-villes qui les méprisent et ont bloqué l'ascenseur social. Dès le plus jeune age, les enfants sont séparés selon l'origine sociale de leurs parents. Les enfants des nouveaux ghettos urbains se retrouvent tous ensemble dans la même école, tandis que les classes moyennes, expulsées du centre, ont mis en place des stratégies scolaires en plaçant leurs enfants dans le privé, théoriquement pour les amener à un avenir brillant, mais surtout pour qu'ils ne soient pas en contact avec les autres. Ce qui restait de cohésion par le travail s'est heurté au chômage de masse." "La démocratisation culturelle a échoué. Certes, les bibliothèques sont gratuites, mais les barrières à l'entrée sont tellement fortes qu'aucun enfant des cités n'y met les pieds. Le travail sur l'approche culturelle doit être fait à l'école. Mais la manière dont on enseigne le français, les grandes oeuvres, met les plus faibles à la porte." "Les différentes classes sociales ne se comprennent plus, et parfois même se méprisent. J'ai monté un festival de littérature contemporaine à Manosque. Les pouvoirs publics en place comme les artistes locaux ont dénigré la population locale, affirmant qu'elle ne serait pas intéressée par la lecture, selon eux élitaire". Ce mépris de la petite bourgeoisie de la "gauche culturelle" pour les classes populaires s'accompagne d'un ressentiment vis-à-vis de Paris : "Les associations culturelles se sont senties dépossédées de leur pouvoir par une offre culturelle venue de Paris." |