Jean-Pierre Le Goff

sociologue

Jean Pierre le Goff sociologue

Jean-Pierre Le Goff wikipedia

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Jean-Pierre Le Goff est un philosophe, écrivain et sociologue français rattaché au laboratoire Georges Friedmann (IDHE CNRS Paris I). Ses travaux portent sur l'évolution de la société, et notamment sur les paradoxes de Mai 68, sur la formation, sur les illusions du discours managérial en entreprise, sur le stress et la souffrance au travail. Il privilégie l'analyse d'un certain « air du temps » qui ne se réduit pas pour lui à des « modes », mais qui lui semble significatif de mutations plus structurelles des idées, des modes de représentation, et des valeurs.

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La fin du village: Une histoire française

9 février 2017
de Jean-Pierre Le Goff (1949 - ...) (Auteur)
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À l’heure de la mondialisation, le «village» continue d’être présent dans l’imaginaire des Français. Mais le divorce entre le mythe et la réalité n’a jamais été aussi flagrant. À l’ancienne collectivité, rude, souvent, mais solidaire et qui baignait dans une culture dont la «petite» et la «grande patrie» étaient le creuset, a succédé un nouveau monde bariolé où individus, catégories sociales, réseaux et univers mentaux, parfois étrangers les uns aux autres, coexistent dans un même espace dépourvu d’un avenir commun. Telle est la conclusion de l’enquête menée par Jean-Pierre Le Goff pendant plusieurs années sur les évolutions, depuis la Seconde Guerre mondiale, de Cadenet, bourg du Luberon. Il s’est immergé dans la vie quotidienne des habitants, a consulté des archives, recueilli les documents les plus divers. Le tableau qu’il brosse est saisissant. À rebours des clichés et d’une vision idéalisée de la Provence, les anciens du village ont le sentiment d’être les derniers représentants d’une culture en voie de disparition, face aux modes de vie des néoruraux et au tourisme de masse. Animation culturelle et festive, écologie et bons sentiments, pédagogie et management, spiritualités diffuses se développent sur fond de chômage et de désaffiliation. Les fractures sociales se doublent de fractures culturelles qui mettent en jeu des conceptions différentes de la vie individuelle et collective.

I - Biographie

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22 Mars 1949 : Naissance de Jean-Pierre Le Goff à Équeurdreville, dans la Manche.

Formation

Etudes de philosophie et de sociologie à Caen

Expérience des dérives idéologiques groupusculaires de l'extrême gauche de Mai 68

Jean-Pierre le Goff appartient à cette génération qui s’est partiellement engagée en faveur du mouvement contestataire de Mai 68. À Caen, il rencontre Alain Caillé, alors jeune maître assistant, et surtout Marcel Gauchet et Paul Yonnet, avec lesquels il constitue un petit cercle d'étudiants critiques marqué à la fois par l'anarcho-situationnisme et l'enseignement de Claude Lefort. Il participe au mouvement étudiant de Caen qui, au lendemain de mai 68, connaît une flambée de grèves et de manifestations, puis rejoint un groupe maoïste avant d'abandonner ses études. Il vit de petits boulots, puis part s'installer dans la région Nord-Pas-de-Calais.

Dans son livre La Gauche à l'épreuve (1968-2011), il écrit :

« Pour ceux qui, comme moi, se sont engagés sans demi-mesure dans l'activisme groupusculaire de l'extrême gauche après mai 68, la fin des illusions et la critique du totalitarisme ont constitué une sérieuse leçon de réalisme et d'humilité. À l'époque, la lecture des ouvrages de Claude Lefort, qui avait été l'un de mes professeurs à l'université, m'a beaucoup aidé : elle m'a amené à m'interroger sur les raisons d'un aveuglement, sur les mécanismes idéologiques et les modes de fonctionnement auxquels j'ai moi-même participé ; elle m'a mis en garde contre ceux qui prétendent faire advenir “le meilleur des mondes” en étant persuadés d'en détenir les clés.»

Parcours professionnel

Il commence un parcours dans le Nord-Pas-de-Calais comme formateur d’adultes en reconversion.

De retour à Paris, il est formateur de jeunes dans la banlieue nord.

1984 : Intégré au CNAM de Paris (Conservatoire national des arts et métiers), il mène un travail d’enquêtes et d’études sur :

2002 : Habilité à diriger des recherches en sociologie et qualifié au poste de professeur des universités, il entre au CNRS.

Ses principaux thèmes principaux de recherche sont :

Il analyse les discours managériaux, qui peuvent sonner creux ou se révéler manipulatoires.

2011 : Jean-Pierre Le Goff publie "La Gauche à l'épreuve 1968-2011".

Dans ce livre, Jean-Pierre Le Goff prédit la destruction du Parti Socialiste par la gauche culturelle, qui a substitué les valeurs "sociétales" de la bourgeoisie intellectuelle des grandes métropoles au combat "social" des classes populaires.

2012 : Publication du livre "La fin d'un village. Une histoire française"

Il est l'auteur d'ouvrages sur :

Responsabilités :

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II - Apports des travaux de Jean-Pierre Le Goff

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Jean-Pierre Le Goff a voulu apporter une interprétation critique

Son interprétation des phénomènes sociaux entend mettre en lumière les idées, les croyances, les représentations qui imprègnent plus ou moins consciemment la société et les acteurs sociaux et politiques.

Dans ses écrits, les évolutions culturelles ne sont pas considérées comme une « superstructure » des réalités économiques et sociales (vision marxiste où tout est contrôlé par la classe dominante), mais prises en compte comme ayant une consistance et une signification propres (les valeurs de la société peuvent se retourner contre la classe dirigeante).

Il veut se démarquer tout autant:

En dehors de ces deux grands courants, il privilégie l'étude de l'arrière-fond culturel des sociétés, qui déterminent un certain « air du temps ». Ce dernier ne se réduit pas pour lui à des « modes », mais serait significatif de mutations plus structurelles. Sa démarche se veut une conception de la sociologie ouverte à l'anthropologie et à l'interrogation philosophique dans l'interprétation des phénomènes sociaux.

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La dislocation de l'unité nationale, culturelle, sociologique et territoriale

Son livre "La fin du village. Une histoire française" se présente comme un roman sociologique et historique qui s’attache à décrire la mentalité et le style de vie des habitants d’une collectivité villageoise (Cadenet dans le département du Vaucluse, au sud du Luberon) en soulignant les mutations et les bouleversements que cette collectivité a subis depuis la dernière guerre jusqu’aux années 2000.

 

Source : article de presse ?

Pour le sociologue Jean-Pierre Le Goff, auteur de "La Fin du village, une histoire française", "avec le développement de la société de consommation, les habitants ont certes gagné en confort, en ouverture sur le monde, mais en même temps ils ont perdu les anciens rapports de solidarité. La nostalgie est d'autant plus forte que le monde est vécu comme un grand chaos. Même dans les bidonvilles de Nanterre, il y avait énormément de pauvreté, mais également beaucoup d'entraide. Finalement, les rapports sociaux sont devenus plus impersonnels." 

"Ce n'est pas seulement un problème économique et social, c'est aussi culturel. Les peuples ont besoin d'une identité narrative, d'un roman national. Or celui-ci est en lambeaux. On ne fait plus le pont entre un passé qui paraît sans ressources et un avenir indiscernable. Les gens survivent aujourd'hui dans un présent existentiellement flottant, chacun tentant de faire ce qu'il peut dans un monde chaotique. Quand on a perdu cette dynamique de progrès, on idéalise le passé comme refuge. C'est une grande illusion."

"Dans le bourg provençal que j'ai étudié, les groupes sociaux ne se mélangent plus trop. Les cultureux vont à leurs propres expositions, s'y congratulant dans un entre-soi ghettoïsant. Les autres, les enracinés du village, se voient dans les bistrots et se sentent méprisés, souvent à tord. Au fond, ils ont un peu peur de ces néoruraux. La communauté, avec ce qu'elle supposait de contrainte du collectif, a disparu au profit d'une juxtaposition pacifique. Un village bariolé où, sur un même espace géographique, coexistent des classes sociales aux revenus inégaux mais surtout aux univers mentaux différents. Sans culture ni projets communs. Ce qui ne veut pas dire que les anciens et les modernes restent enfermés dans leur village : chaque groupe dispose de son association ou de son réseau internet. Résultat : ils ne se connaissent plus. 

Dans l'incapacité de maintenir la cohésion sociale par le travail et l'ascenseur social "on a fait de l'animation socioculturelle sur fond de chômage de masse. C'est la grande illusion - et le grand échec - de la gauche des années 80. Comme elle s'est retrouvée impuissante à combattre le chômage, elle a voulu recréer le lien social par les associations et la culture. La gauche a fait de la culture un outil d'animation et un vaste bric-à-brac qui ramènent toutes les créations sur le même plan, au détriment des oeuvres et de la culture élitaire pour tous".

Pour recoudre le vivre-ensemble il faut du travail. "Le chômage isole, évidemment. Sans travail, les gens éprouvent toutes les difficultés à sortir d'eux-mêmes, à s'oublier. Mais il manque aussi un terreau culturel et un projet d'avenir communs. Autrefois, les instituteurs enseignaient à des gamins qui étaient passés par une sorte d'imprégnation de valeurs collectives liées à une histoire nationale. C'est ce terreau commun qui permettait à la petite patrie villageoise de s'insérer dans la grande patrie républicaine et de structurer le vivre ensemble. On ne naît pas citoyen du monde, c'est une grande illusion."

"Une demande en creux de sortir de l'individualisme, de retrouver des lieux de solidarité existe de façon dispersée. Mais ça ne crée pas forcément une nouvelle dynamique historique. l'ancien n'en finit pas de se décomposer, mais sans projet collectif de substitution. Pour vivre ensemble, la "fête des voisin" ne suffit. La citoyenneté implique de sortir de l'individualisme narcissique contemporain pour s'appuyer sur les acquis d'un héritage et construire un projet d'avenir commun." 

 

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Les valeurs "sociétales" du "gauchisme culturel" ont évincé le combat "social" de la gauche populaire

Dans son livre "Mai 68, l'héritage impossible" (1998), Jean-Pierre Le Goff avance la notion de « gauchisme culturel », formulation dont il est l'auteur et qui finira par être reprise dans le milieu journalistique et intellectuel. Selon lui, le "gauchisme culturel" se distingue de l'extrême gauche traditionnelle dans la mesure où il entendrait avant tout « changer les mentalités » et les mœurs par une « révolution culturelle en douceur », en accordant une grande place à l'éducation et aux nouvelles générations.

Dans un article intitulé « Du gauchisme culturel et de ses avatars » publié dans la revue Le Débat en 2013, il avance l'opinion qu'il existerait une opposition « entre une gauche politique et sociale et un gauchisme sociétal qui s'est approprié le magistère de la morale ». Il décrit le paradoxe qui a vu arriver au pouvoir les représentants du second courant « toujours prompts à jouer la société contre l'Etat ». Cette situation décrédibilise selon lui « la parole politique et la puissance publique » et accentuerait la césure de la gauche et des couches populaires. En servant de substitut à la crise du projet socialiste et en devenant nouvelle culture dominante, le gauchisme culturel aurait fini par imprégner la société et une partie de la droite, tout en provoquant des fractures sociales et culturelles au sein de la société.

Dans une interview publié dans La Revue des deux Mondes en 2016, « L'hégémonie du camp du Bien battue en brèche », il diagnostique la « fin d'un cycle historique » marqué par le fait que, dans le domaine des mœurs, de l'école et de la culture, le gauchisme culturel serait de plus en plus rejeté par une partie de la population. Nombre de journalistes militants n'en continueraient pas moins d'exercer une « police de la parole et de la pensée » qui ne se confond pas avec le totalitarisme mais constituerait néanmoins une mise en cause des libertés démocratiques en pratiquant la dénonciation, le lynchage médiatique et les plaintes en justice.

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Le gauchisme culturel a conduit à l'effondrement du Parti Socialiste

Dans son livre "La Gauche à l'épreuve 1968-2011", Jean-Pierre Le Goff prédit dès 2011 que la gauche culturelle mène le Parti Socialiste au désastre.

Partant du constat que « La gauche se trouve dans un état de crise qui n'en finit pas » et qu'elle a « versé depuis longtemps dans la cacophonie [et] le discours codé pour militants initiés aux luttes internes » Le Goff cherche dans ce livre à trouver « comment en est-on arrivé là ? »

Ce livre constitue aussi une réflexion sur les soixante-huitards qui ont été tout comme l'auteur engagés dans des groupuscules d'extrême-gauche. En particulier, il pointe la difficulté qu'ils ont à distinguer ce qu'il appelle le plan existentiel (les passions, les tempéraments des acteurs, leur famille, leur éducation etc.) et les « idées auxquelles ils adhèrent ou ont adhéré ». Selon lui cette difficulté conduit bien de ses anciens camarades à reproduire dans les postes qu'ils occupent actuellement (journalistes, hommes politiques etc.) « les mêmes postures d'imprécation et de justiciers, les mêmes réflexes dogmatiques et sectaires, toujours persuadés d'être dans le bon camp.

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III - Ouvrages

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Conférence filmée

Une des conférences de Jean-Pierre Le Goff à l'université de tous les savoirs a été éditée sous forme d'un film documentaire Management et imaginaire social produit par Agnès de Warenghien et distribué par le Service du film de recherche scientifique (Vanves) en 2000 et réédité en 2001.

 

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