Enjeux

II - Les problèmes qui alimentent la fracture territoriale

Les mesures contraignantes qui ne visent que les territoires périphériques

Réduction de la vitesse sur les routes à 80 km/h

source : Le Monde 23 Décembre 2017 - page 11

La réduction à 80 km/h sur 400.000 kilomètres de routes bidirectionnelles (sans séparateurs médian) repose sur 4 arguments :

  • Deux tiers des accidents ont lieu sur ce types de routes nationales ou départementales
  • Depuis 2014, le nombre de tués remonte chaque année
  • Selon Jan-Eric Nilsson, chercheur à l'institut suédois des routes, une diminution de 1 % de la vitesse moyenne entraîne une baisse de 4 % du nombre de victimes
  • Selon les experts, cette mesure permettrait de sauver de "300 à 400 vies par an"

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 source : Journal télévisé TF1 de 13h - 13 Avril 2018 - interview du Président par Jean-Pierre Pernaut

Pour défendre sont projet, le Président Emmanuel Macron avance que :

  • Il faut homogénéiser la vitesse des camions, limitée à 80 km/h, à celle des voitures, car actuellement cela pousse les conducteurs à faire des dépassements dans des conditions dangereuses.
  • La mesure sera appliquée à titre expérimentale pendant deux ans, du 1er Juillet 2018 au 30 Juin 2020.
  • Si les résultats restent contestés, la décision de limitation de la vitesse à 80 km/h pourrait être déléguée aux Conseils Départementaux.

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Pour légitimer la réduction de vitesse à 80 km/h, il aurait fallut préciser les causes des accidents mortels entre 80 et 90 km/h sur les routes bidirectionnels :

Si le dépassement d'un camion ou un accident d'un conducteur respectueux du code de la route et en état de conduire sans risques sont responsables d'un nombre significatifs d'accidents, alors la mesure serait acceptée par l'opinion publique.

Par contre, si ces chiffres révèlent que les véritables causes des accidents mortels entre 80 et 90 km /h sont la délinquance automobile et le danger sur les routes que constituent certaines personnes âgées, alors le véritable courage politique aurait été de renforcer la lutte contre la délinquance automobile et de rendre obligatoire une visite médicale annuelle pour les conducteurs âgés de 80 ans et plus.

Faute de cette information, le sentiment général dans les territoires périphériques est que cette nouvelle mesure contraignante va s'imposer aux bons conducteurs, qui ne représentent pas un risque sur les routes mais constitueront une nouvelle manne fiscale lorsqu'ils seront flashés entre 80 et 90 km/h.

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Une mesure jacobine, qui vient en contradiction avec la promesse présidentielle d'alléger les pesanteurs administratives d'un Etat centralisateur et technocratique.

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Source : Le Point - 5 Juillet 2018 - page 111 - Sébastien Le Fol

La décision d'instaurer les 80 km / h est bien un modèle du jacobinisme technocratique, dont le pays a soupé. Cet étatisme centralisateur est notre boulet national. Comme l'ont montré Algan et Cahuc, dans leur livre "la société de défiance", il produit du scepticisme à tous les échelons du pays. Notre millefeuille bureaucratique est indigeste,. Notre toile d'araignée administrative illisible décourage les bonnes volontés. Emmanuel Macron veut lancer un pacte girondin dans le cadre de sa révision constitutionnelle. Mais encore faut-il donner une consistance à ce girondisme. Accorder, par exemple, une autonomie fiscale réelle aux collectivités territoriales. Si elles n'ont pas les moyens d'exercer leurs compétences, le girondisme restera virtuel. Les élus locaux, qui ont contribué à pudding, dénoncent une "recentralisation massive".

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Une nouvelle taxe sur les territoires périphériques

Source : Challenges - n° 590 - 13 Décembre 2018 - page 9

Le gouvernement comptait sur "un doublement du nombre d'infractions sur les routes concernées". Soit 26 millions d'€uros supplémentaires en 2019.  Cette limitation est vécue comme une nouvelle taxe, d'autant plus que le Premier Ministre a refusé de moduler la limitation en fonction de l'état des routes et de leur dangerosité.

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